Autour de
moi, un monde de sable. Sous mes pieds nus, un sol brûlant qui se dérobe à
chaque pas. Mon chapeau de toile peine à me protéger d’un soleil torride
traitreusement atténué par le vent. J'ai chaud, j’ai ma pelle à la main et
j'avance. Depuis combien de temps ? Je l'ignore. J'avance en évitant les corps
étendus autour de moi et les murailles de toile parfois dressées entre moi et
l'horizon. D'autres comme moi errent ou semblent au contraire absorbés dans
leur travail. Ils creusent, entassent, emplissent et vident des seaux. L'air
est saturé d’iode, mais aussi d'odeurs, grasses et sucrées. Le vent charrie des
cris, des voix et par delà, ce grondement sourd et incessant qui nous avait
happés dès notre arrivée. Dans l'azur, virevoltent des oiseaux chamarrés qui
rivalisent d'adresse. Planant en altitude, d’un coup ils piquent vers le sol
avant d’infléchir leur course au dernier moment et remonter au zénith. Je les
observe, fasciné.
Avant de reprendre mon périple, je me retourne un instant. Mickey, où
est Mickey ? Il a disparu. Depuis quand nous sommes-nous perdus de vue ? Je me
retourne et me retourne encore, je ne sais plus d’où je viens. Même si j’en
avais la présence d’esprit, je ne pourrais pas retrouver mes traces, englouties
par le sable. Je reste là, un instant, interdit, et tout à coup, prenant
conscience de ma solitude, je hurle. Je suis seul au monde et je hurle. Bien
sûr, les autres me regardent, mais ils ne peuvent rien pour moi. J’en viens à
pleurer. Et soudain la claque survient, paf ! C'est ma mère qui est là. Je ne
l’ai pas vue arriver. Elle hurle presque aussi fort que moi : « Petit imbécile
! Je t'avais pourtant bien dit de ne pas t'éloigner du grand panneau Mickey ! »
C'est bon de savoir comme elle m'aime ; je hurle encore, il faut qu'elle le
sache ! Sa main ferme sur ma menotte me ramène prestement au campement où
m’attendent banane, biscuits et biberon d’eau. Ça tombe bien : j'ai soif
d'avoir tant hurlé.
t'as mis le temps pour la publier celle-là
RépondreSupprimerCinquante ans de maturation ! :-D
RépondreSupprimerJ'avoue que j'ai lu trop vite et avec ces verres progressifs je devine un peu dans le flou. N'empêche, j'ai sursauté en voyant " cinquante ans de masturb..."
RépondreSupprimerhans