mercredi 6 mai 2015

Chronique schaerbeekoise

J'étais tranquille, peinard, en train de préparer ma soupe du soir et des jours prochains. J'avais salé-poivré et remis le couvercle. Je pouvais retourner à d'autres occupations en attendant la prochaine étape.

Je ne m'attendais pas à le trouver là. Il était gras, laid, bête et vulgaire comme un pigeon; c'était un pigeon. Il avait marché comme chez lui les quelques mètres qui séparent ma terrasse de mon bureau, y cherchant sans doute une inexistante pitance. Lui aussi parut surpris. Dérangé dans sa visite sans doute, il décolla prestement à la verticale et se cogna la tête au plafond, insuffisamment toutefois que pour s'assommer. Il fit une fois le tour de la pièce avant d'en trouver la sortie qui passait par la pièce adjacente. Là, il se fracassa par trois fois le bec à la partie supérieure de la porte-fenêtre avant de changer d'altitude pour enfin franchir en volant la porte par laquelle il était entré à pied. Je croyais en être débarrassé, mais non! L'abruti n'eut rien de plus pressé que de se poser sur la rambarde de ma terrasse, comme si elle appartenait à l'espace public. Exaspéré, je pris un journal qui trainait là et chassai d'un geste le grossier qui prit enfin ses ailes à son cou et se dirigea vers les toits voisins.

Grossier, oui, car il m'imposa en vérité un ultime geste : l'infâme avait marqué son passage durant sa promenade... Je hais les pigeons.