lundi 5 décembre 2016

making-of de "le danseur et la danseuse" (titre provisoire)

Ce n'est pas la première fois que je colle du papier sur des ballons.

Cette queue de baleine prend la poussière sur une étagère depuis quelques années déjà.


A l'Académie, j'avais un projet de "plante carnivore".
,

Mais comme dans le même temps, Machine me prenait toute mon énergie,
mes bourgeons ont trainé longtemps dans un coin du local avant d'aller s'entasser à la cave, en attendant des jours meilleurs.

Et puis, en bricolant chez moi sont venues ces drôle de formes que j'ai eu l'idée d'assembler.

Mon projet devint alors de faire une danseuse sur le modèle de celles des boîtes à musique; une jambe piquée sur un socle, l'autre repliée. Je ne sais plus comment j'en suis venu à lui faire faire le "grand écart", mais il y a une dynamique qui s'est imposée et je l'ai suivie.
 

Du coup, je ne pouvais plus décemment la piquer sur un socle (ben oui, oùsque j'aurais fiché la pique?) L'idée de la suspendre au plafond s'imposa donc comme une évidence.
Pas comme ça, bien sûr !  
Mais plutôt comme ça :

J'étais content comme ça ; il ne me restait plus qu'à "l'habiller" et à inventer un système pour lui faire traverser l'espace en musique.

C'est à ce moment qu'intervint Isabelle.
D'habitude, Isabelle reste à la cave pour caresser de la pierre bleue à coups de burin et de disqueuse.
Parfois elle en remonte, la gueule pleine de poussière pour boire un café, discuter le coup et apprécier le travail des autres.
Elle aimait bien ma danseuse. Elle me demanda : "Et puis?"
"- Et puis quoi ?
- C'est tout ? Une seule ?
- Ben oui.
- Ah."
 Et elle s'en est retournée dans sa cave, dubitative, presque déçue, me laissant avec mon étoile encore nue.

Ben oui, quoi ! Une seule. J'ai un piano à conserves et une douche musicale aléatoire qui m'attendent.
Une seule. Enfin... je crois.
Il y a des gens qui ont la dubitativité contagieuse. Et moi qui ai si peu d'anticorps !
Une seule ? Évidemment non !

Voilà comment je me suis retrouvé (à l'insu de mon plein gré, votre Honneur !) à adjoindre un danseur à ma danseuse. 
L'ennui, c'est que si la posture d'icelle s'était imposée par elle-même, je voulais que celle de son compagnon lui réponde; donc, qu'il ait une attitude particulière, complémentaire. J'ai fait des croquis, je me suis même mis en scène pour essayer de trouver la bonne pose.
Entretemps m'est apparue l'idée d'assembler les deux
en un mobile qui flotterait au gré des courants d'air. Plus fastoche que ce que j'avais imaginé auparavant pour mon personnage unique.
 
Je ne crois pas être arrivé à la posture idéale. Tout juste m'en suis-je un peu approché. Mais il y a toujours un moment dans le travail où je me dis que ça va comme ça, et basta. 
Au cas où vous ne l'auriez pas remarqué, je suis très paresseux.


Ce n'est pas encore fini. Il reste maintenant quelques petits détails à corriger ; je n'ai pas toujours été très rigoureux et il y a des endroits où le papier "fait des grumeaux" au lieu d'offrir une surface lisse, mais j'achève l'habillage.





 Après moult hésitation, je me suis décidé pour une texture (c'est le mot) unique : rien que du texte issu du Magazine Littéraire.



Et voici donc la danseuse en collants. Le haut va suivre, puis le danseur. Je ne sais pas encore ce que je ferai des titres des articles. Pas sûr que je vais les utiliser : à trop vouloir dire...


Et puis, "il n'y aura plus qu'à" les accrocher au plafond.

Comme ceci :


(Reprise de cette page en janvier 2018 pour finaliser ce making-of)


 

A ce stade, encore, je croyais en avoir fini.
Ce fut plutôt le moment d'une grosse colère envers Philippe. 
Mon estimé professeur imaginait mes danseur-danseuse environnés d'autres objets mobiles comme des notes de musique ou des machines à écrire !!
Pour ma part, je ne voyais dans ces propositions que kitsch et redondance.

Mais peut-être Philippe voulait-il dire avec sa clarté habituelle, 
que le travail pouvait encore être amélioré ?

Alors, passé le moment d'exaspération, je me suis relancé dans la réflexion.
Dans un premier temps, j'ai envisagé un décor mural.
Trop lourd, à tous points de vues...

Cependant, le travail sur Nel avec Isabelle commençait à prendre forme

J'ai donc cherché du côté de la projection.

Dans un premier temps, 
en bricolant un Powerpoint avec des colonnes de textes déroulantes.
Intéressant, mais pas totalement satisfaisant.

J'ai ensuite eu l'idée de "doubler" mes danseur-danseuse avec de "vrais" danseurs.
J'ai fouillé youtube à la recherche d'extraits de films avec Fred Astaire, 
comme celui-ci : 


J'ai enregistré en tout une dizaine de petits films, 
que j'ai élagués avant de les monter en une séance unique de +/- une demie heure.


Je ne sais plus ce que m'en a dit Philippe;
mieux vaut taire ce que m'a inspiré sa réflexion.💬

Alors, je suis allé sur la lune et j'ai fait le même travail au départ de films de ce genre :




Curieusement, ça lui a plu. Ça doit correspondre à son tempérament 🌜
Mais là, c'est moi qui restais sur ma faim.
Esprit de contradiction ? 😜

A quel moment me sont revenus les titres et intertitres 
que j'avais laissés de côté pour l'habillage?
   

 Par ailleurs, j'avais fait des photos de près de mes danseur-danseuse et ça donnait des résultats intéressants :
Je savais qu'il existait dans les fonctions d'écran de veille des mac, un diaporama qui propose ce qu'on appelle "effet Ken Burns". J'ai donc préparé quelques images pour voir ce que ça donnerait.



Pas mal. 
Mais j'ai pensé que ce serait mieux en blanc sur noir :


Et voilà les danseur-danseuse tels qu'ils apparurent à l'Expo de fin d'année:


ou bien ici sur Youtube


Et enfin, m'est venu le nom :
Les danseur-euse

Quelques images en extra :
Celle-ci, qui m'a été offerte par un  photographe pro (JC Poncelet), et qui illustre magnifiquement les différents niveaux de lecture : le texte projeté sur le texte papier. Ce doit être ce qu'on appelle une mise en abîme, non ?

Fin de parcours à l'Académie :


Après, les danseur-euse sont allées faire la fête à la Casquette




Ils-elles y sont toujours en attendant que vous les invitiez chez vous.💃

à suivre ?

Merci à Isabelle et à tous ceux qui se sont manifestés pendant le travail et dont les avis ont peu ou prou contribué à l'améliorer. Même Philippe. 😉

Merci à tous ceux qui ont apprécié les danseur-euse lors de l'expo. Même VH, sensible au mal de mer, qui m'a dit en les voyant bouger sur fond mouvant : "ça me fout la gerbe". 😀