mercredi 1 avril 2015

Chronique mexicaine n°1


À mon avis, les Mexicains ne fabriquent pas leurs robinets eux-mêmes : ils les importent de chez le grand frère honni, los Estados Unidos. Le problème avec les Américains, c’est qu’ils exportent des robinets à usage interne, ou en tout cas, à usage anglo-saxon. Si je vous raconte cela, c’est que j’avais lu le commentaire d’un voyageur qui s’exaspérait de ne pas avoir eu d’eau chaude dans l’hôtel où je transitais avant de poursuivre mon chemin. Je m’attendais donc au pire.
Pourtant, après une attente raisonnable, l’eau chaude est arrivée, et même suffisamment chaude pour que je doive la tempérer. Alors, me suis-je demandé, qu’était-il arrivé au malheureux voyageur qui avait dû se laver à l’eau froide ? Était-il anglophone ? C’est que là-bas, ce n’est pas comme en Europe. Un Européen est habitué aux codes graphiques. Ainsi, pour la robinetterie, l’eau chaude se signale par une pastille rouge (couleur chaude s’il en est) et l’eau froide par une pastille bleue. Mais dans cet hôtel, point de couleur sur les robinets, mais des lettres : C et H.
N’importe quel anglophone identifiera ces lettres comme les initiales de Cold et Hot, tout comme d’ailleurs, le non anglophone instruit et habitué à la prévalence de l’anglais. Mais pas le plombier mexicain qui n’a rien à faire des anglophones, ni même des touristes instruits. Il identifie le C comme l’initiale de Caldo, chaud, et ne se pose pas de question superflue sur la signification du H. Il raccorde ses robinets et voilà tout.
J’ai eu un instant de compassion pour ce touriste qui avait désespérément attendu l’eau chaude sortir d’un robinet d’eau froide. Mais un instant seulement.