lundi 28 novembre 2011

Samantha

Ce jour-là comme tous les autres jours, Samantha ouvrit les yeux avant la sonnerie du réveil. Ce matin-là, pourtant, il n’indiquait pas sept heures et demie, mais bien cinq heures et quart. Samantha se redressa sur son lit et eut très vite l’intuition que quelque chose manquait. Du regard, elle inspecta sa chambre sans parvenir pourtant à identifier l’objet de son malaise. Ce n’est que lorsqu’elle voulut réveiller Sacha qu’elle se rendit compte que la place à côté d’elle était vide. Elle alluma.

- « Sacha, Sacha ? »

Jamais en 25 ans de mariage, Sacha ne s’était levé à cinq heures du matin pour aller pisser ou manger un reste de gefilte fish dans le frigo, il ferait beau voir ! Assise au bord du lit, Samantha attendit la réponse un moment, guettant les bruits de la maison avant d’enfiler son peignoir et descendre au salon.

La maison était silencieuse. Vide ? Une sourde angoisse la saisit. Elle remonta et ouvrit doucement la porte de la chambre d’Antoine, son cadet dont la respiration asthmatique remplissait ordinairement l’espace. Silence. Elle alluma : le lit était vide. Elle ne doutait pas que celui de Nora le fût également, elle n’en inspecta pas moins sa chambre et par la suite toutes les autres pièces de la maison où chaque coup d’œil lui renvoyait son isolement. Dans la nuit encore présente de ce mois d’octobre, Samantha se sentait comme sur une ile déserte. Une bouteille à la mer pensa-t-elle. Mais oui : téléphoner ! Mon gsm ! Retour au salon. Mais le portable n’était pas dans le sac à main. De nouveau, elle fouilla à droite, à gauche, ouvrant des tiroirs improbables, exhumant des trésors oubliés jusqu’à ce que l’implacable vérité s’impose à elle : on avait kidnappé sa famille, on lui avait volé son gsm, tout contact avec l’extérieur était interdit. Sortir, appeler au secours ! À cet instant de ses pensées, elle se trouvait dans sa chambre. Elle se précipita vers l’escalier mais, marchant sur la ceinture de son peignoir défait, elle trébucha et dégringola les seize marches jusqu’au carrelage glacé du hall d’entrée.

Il était sept heures trente quand Sacha, Antoine, Nora et Max, les bras chargés de fleurs glanées au marché du Midi entrèrent dans la maison en chantant : « Joyeux anniversaire, joyeux anniversaire... » Ils trouvèrent le cadavre de Samantha au bas de l’escalier dans une pose grotesque, baignant au milieu d’une mare de sang tandis que dans la chambre, le réveil commençait à sonner.

4 commentaires:

  1. Celui-là, c'est fastoche, c'est tout récent: septembre 2011.

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  2. Elles ne sont pas très marrantes tes histoires!
    Tant qu'à faire tu aurais pu l'intituler "elle vit les livides et le devint aussi"
    hans

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  3. J'ai bien peur de ne pas être très marrant non plus, Hans. Et il y a encore pire! Mais je te promets une chanson rigolote pour dans pas longtemps.

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  4. Un bon petit conte cruel pour se fouetter le visage au reveil. Au sang.

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